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GÉRARD DE NERVAL

idolatrées d’un escadron volant d’amoureux. Le récit même de Gérard nous le prouve :

« Deux mois plus tard, je reçus une lettre pleine d’effusion. Je courus chez elle. Quelqu’un me donna dans l’intervalle un détail précieux. Le beau jeune homme que j’avais rencontré une nuit au cercle[1] venait de

  1. « Un de mes amis me dit : — Voici longtemps que je ie rencontre dans le mime théâtre, et chaque fois que j’y vais. Pour laquelle y viens-tu ?

    « Pour laquelle ? Il ne me semblait pas que l’on pût aller là pour une autre. Cependant j’avouai un nom. — Eh bien ! dit mon ami avec indulgence, tu vois là-bas l’homme heureux qui vient de la reconduire et qui, fidèle aux lois de notre cercle, n’ira peut-être la retrouver qu’après la nuit.

    « Sans trop d’émotion, je tournai les yeux vers le personnage indiqué. C’était un jeune homme correctement vêtu, d’une figure pâle et nerveuse, ayant des manières convenables et des yeux empreints de mélancolie et de douceur. Il jetait de l’or sur une table de whist et le perdait avec indifférence. — Que m’importe, dis-je, lui ou tout autre ? Il fallait qu’il y en eût un, et celui-là me paraît digne d’avoir été choisi. — Et toit — Moi ? c’est une image que je poursuis, rien de plus. »

    (Les Filles du feu, édition Michel Lévy. p. 114.)