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GÉRARD DE NERVAL

amour sérieux pour une personne de théâtre ; c’est un mensonge perpétuel, c’est le rêve d’un malade, c’est l’illusion d’un fou. La vie s’attache tout entière à une chimère irréalisable qu’on serait heureux de conserver à l’état de désir et d’aspiration, mais qui s’évanouit dès que l’on veut toucher l’idole. »

La Reine de Saba ne vivait pas dans un empyrée tellement inaccessible qu’il ne fût pas permis à un humble mortel d’y parvenir, naturellement ou par effraction. Il faut croire qu’il était parvenu, sinon à se faire comprendre, du moins à se faire entendre, puisqu’on lui avait répondu : « Vous êtes bien fou ; mais revenez me voir… Je n’ai jamais pu trouver quelqu’un qui sût m’aimer. »

Phrase sincère au moment où elle était prononcée, mais hypocrite comme toutes les paroles des femmes jeunes, belles, en renom, qui se sentent adorées d’un troupeau d’inconnus, quand elles ne sont pas déjà