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GÉRARD DE NERVAL

« Sylvie avait sommeil, je jugeai que j’étais perdu dans son esprit. Elle remonta à sa chambre, et, pendant que je l’embrassais, elle dit : —  À demain, venez nous voir !

« Le père Dodu était restéà table avec Sylvain et mon frère de lait ; nous causâmes longtemps autour d’un ratafiat de Louvres. — Les hommes sont égaux, dit le père Dodu entre deux couplets, je bois avec un pâtissier comme je ferais avec un prince. —  Où est le pâtissier ? dis-je. — Regarde à côté de toi un jeune homme qui a l’ambition de s’établir !

« Mon frère de lait parut embarrassé. J’avais tout compris. C’est une fatalité qui m’était réservée d’avoir un frère de lait dans un pays illustré par Rousseau —  qui voulait supprimer les nourrices. Le père Dodu m’apprit qu’il était fort question du mariage de Sylvie avec le grand frisé, qui voulait aller former un établissement de pâtisserie à Dammartin. Je n’en demandai pas plus. La voiture de Nanteuil-le-Haudouin me ramena le lendemain à Paris. »