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GÉRARD DE NERVAL

apportés en deux ans au mobilier de l’âme de Sylvie. Cependant, à un moment où elle venait de s’attendrir plus franchement en chantant, sans phraser cette fois, une chanson du temps jadis,

À Dammartin l’y a trois belles filles…

Gérard allait tomber à ses pieds et lui offrir — non pas son cœur, elle l’avait toujours — sa main et la maison de son oncle, où ils auraient coulé leurs jours en paix, liés jusqu’à la fin de leur vie mortelle par le fil d’or de l’amour:il se retint. Ah ! pourquoi ne parla-t-il pas à ce moment ! il était encore temps de ressaisir ce bonheur calme après lequel il courait et qu’il sentait lui échapper ; plus tard il allait être trop tard.

Il se retint, et accompagna Sylvie à Loisy où on les attendait pour souper.

« La soupe à l’oignon répandait au loin son parfum patriarcal. Il y avait des voisins invités pour ce lendemain de fête. Je