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GÉRARD DE NERVAL

pendants de sa ceinture une petite clef d’acier ouvragé, — la clef du tiroir mystérieux, — et monte rapidement l’escalier de bois qui conduit à la chambre, où Gérard la suit.

« Ô jeunesse, ô vieillesse saintes ! qui donc eût songé à ternir la pureté d’un premier amour dans ce sanctuaire des souvenirs fidèles ? Le portrait d’un jeune homme du bon vieux temps souriait avec ses yeux noirs et sa bouche rose, dans un ovale au cadre doré, suspendu à la tête du lit rustique, il portait le costume des gardes-chasse de la maison de Condé ; son attitude à demi martiale, sa figure rose et bienveillante, son front pur sous ses cheveux poudrés, relevaient ce pastel, médiocre peut-être, des grâces de la jeunesse et de la simplicité. Quelque artiste modeste, invité aux chasses princières, s’était appliqué à le pourtraire de son mieux, ainsi que sa jeune épouse, qu’on voyait dans un autre médaillon, attrayante, maligne, élancée dans son corsage