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GÉRARD DE NERVAL

droit à sa chambre, sans étonner personne, — le meilleur passe-port étant la pureté des intentions. Sylvie était levée depuis longtemps ; depuis longtemps déjà elle agitait les fuseaux de sa dentelle, qui claquaient avec un doux bruit sur le carreau vert que soutenaient ses genoux. « Vous voilà, paresseux, dit-elle avec son sourire divin, je suis sûre que vous sortez seulement de votre lit ! » Il lui avait alors raconté sa nuit passée sans sommeil sur les bruyères de la route et ses courses égarées à travers la forêt. « Si vous n’êtes pas fatigué, je vais vous faire courir encore. Nous irons voir ma grand’tante, à Othys… »

Ils partent, elle joyeuse comme une fauvette, lui, gagné par la contagion de cette innocente joie. Ils se mouillent les pieds en suivant les bords de la Thève, à travers les prés semés de marguerites et de boutons d’or, et le long des bois de Saint-Laurent, à travers les ruisseaux et les halliers. Ils se mouillent les pieds — et aussi le cœur. Au