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GÉRARD DE NERVAL

La goutte d’huile de la lampe de Psyché fait plus que de brûler le divin dormeur, elle le souille. Jamais on ne pardonnera à un grand homme de ressembler à un homme ordinaire, d’avoir comme le premier venu des laideurs corporelles ou des infirmités morales, — en un mot, de n’être pas parfait ; et non-seulement on s’empressera de lui reprendre l’admiration qu’on lui avait d’abord donnée sans marchander, et qu’on lui reprochera d’avoir volée, mais encore on poussera l’injustice jusqu’à oublier telle belle page de son livre, un chef-d’œuvre, pour ne se rappeler que le strabisme de son esprit ou la gibbosité de son caractère. C’est l’effet habituel des réactions.

De bonne foi, qu’a gagné Jean-Jacques à la publication de ses Confessions, sinon un peu de mépris de la part des lecteurs qui aiment qu’un écrivain se respecte, — et même un peu de dégoût de la part de ceux qui veulent qu’on les respecte eux-mêmes ? Le livre est beau, c’est le plus éloquent