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GÉRARD DE NERVAL

tout ce qui peut se passer dans l’esprit d’un homme hanté par des visions, persécuté par des regrets comme d’autres le sont par des remords, — et cela par une nuit d’hiver, dans ce grand désert d’hommes qui s’appelle Paris, alors qu’on n’a plus de seuil hospitalier où diriger ses pas, alors qu’on n’est attendu par personne, ni par sa maîtresse ni par son chien !

Coupable ou non, volontaire ou involontaire, cette mort fut un deuil pour les lettres françaises que Gérard de Nerval honorait si bien, et que ses œuvres auront enrichies sans qu’il s’en doutât, l’homme modeste ! S’il n’eut pas le génie, il eut du moins le talent, — et un talent du meilleur aloi, un talent rare. Il ne va pas à la postérité avec un lourd bagage, mais il y va. Quand tant de noms, aujourd’hui orgueilleux, auront fait le plongeon dans l’oubli, le sien surnagera, rayonnant de sa douce et pure lumière d’étoile.