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GÉRARD DE NERVAL

rogea fiévreusement la maîtresse du garni, les voisins, les commères ; on interrogea jusqu’aux pavés de la rue, jusqu’à la grille, jusqu’à la clef symbolique au-dessous de laquelle il s’était pendu. Des artistes vinrent qui firent à cette rue déshonorée l’honneur de la dessiner, de fixer sur le papier, d’une manière indélébile, son aspect criminel, sa physionomie abjecte, avec son nom de truande.

Ce ne fut pas tout. On demanda une enquête, on la fit, on recueillit tout ce qui pouvait mettre sur la voie, tout ce qui pouvait jeter quelque lumière sur cette ténébreuse affaire ; car enfin, Gérard pouvait ne s’être pas tué, des mains étrangères avaient pu nouer autour de son cou le fatal cordon… Si Gérard eût songé au suicide, il l’aurait choisi plus noble, plus digne de lui, de son nom, de ses amis ; il ne serait pas venu rue de la Vieille-Lanterne, dans l’atmosphère infecte d’une rue mal famée, terminer une existence si honorablement