Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

138
GÉRARD DE NERVAL

la rue de la Vieille-Tannerie, la rue de la Vannerie, la rue de la Vieille-Lanterne

Ah ! cette dernière surtout était la plus sinistre parmi les plus sinistres, la plus hideuse parmi les plus hideuses. Au xiiie siècle, c’était la rue de l’Escorcherie, plus tard la rue des Lessives ; et, au xixe siècle comme au xiiie elle ressemblait plus à un égoût qu’à une voie publique. De fait, on y passait peu, excepté la nuit, à cause des maisons borgnes qu’elle recelait et des abris que les rôdeurs trouvaient dans son voisinage, après leurs coups de main. Son sol, sans cesse détrempé par les pluies et par l’eau des ruisseaux, formait une boue noire qui se figeait de temps en temps, comme une rouille honteuse, entre les joints de ses rares pavés, à moitié déchaussés. À l’extrémité de cette ruelle galeuse, vers la rue de la Tuerie, était un escalier brisé, par lequel on remontait des ténèbres vers la lumière, de la fange vers la propreté, et le long duquel un corbeau péripatéticien