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GÉRARD DE NERVAL

avec l’espoir de profiter de quelques sévérités qu’il me reste à vous demander du moins.

« Votre bien dévoué,

« Gérard de Nerval. »


Le lendemain, je rencontrai rue Guénegaud, chez le libraire Bry, mon inconnu du cabaret de la Canne. Il m’apprit alors son nom, que je viens d’écrire. Je m’en voulais de ne pas l’avoir deviné plus tôt, et je le lui dis, en le priant de me pardonner. Il le fit volontiers, et avec une délicatesse d’expressions qui me toucha, parce qu’il comprenait à merveille, en effet, que le dépit que je ressentais ne venait pas seulement de lui, mais de moi, — c’est-à-dire qu’à franchement parler, je m’en voulais beaucoup plus d’avoir manqué de flair que d’autre chose. J’avoue cela, d’abord parce que je ne suis pas un saint, ensuite parce que ce puéril orgueil m’a été remis, comme un péché véniel, par le bienveillant pardonneur que cela intéressait directement. C’était de