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GÉRARD DE NERVAL

un joli succès, comme on dit en argot de coulisses. Ce fut à propos de l’Imagier de Harlem, un drame énorme, fantastique, touffu comme une forêt, mystérieux et sombre comme l’antre de Trophonius. Peut-être, parmi mes lecteurs, s’en trouve-t-il quelques-uns qui ne se rappellent pas ce drame-légende en cinq actes et en dix tableaux, écrit et pensé par Gérard de Nerval en collaboration avec Méry, — aussi mauvais carcassier que lui ; mais le sous-titre de l’affiche le leur fera deviner : l’Imagier de Harlem ou la Découverte de l’Imprimerie. Ils voient d’ici la donnée historique et philosophique des deux auteurs, en prenant la peine de se rappeler l’état de l’Europe vers la fin du xve siècle : l’Allemagne est gouvernée par un prince qui ne croit pas au génie, mais qui croit à la magie, l’archiduc Frédéric III ; la France l’est par un roi qui n’a pas foi dans les autres, mais en lui-même, Louis XI ; « l’Inquisition lutte en Espagne avec la généreuse Isa-