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GÉRARD DE NERVAL

sont pas les pierres précieuses d’un autre qu’il a montées, ce sont les siennes. Double et rare avantage !

Même à côté du Rhin de Victor Hugo, ce grand artiste, le Rhin de Gérard de Nerval brille de tout son éclat tranquille. Sterne ne raconterait pas autrement ses promenades, si, au lieu de voyager en berline, il voyageait à pied. Cette façon familière de parler des villes qu’il traverse me charme ; cela m’apprend en outre quelque chose, non pas sur les monuments, mais sur les mœurs. Un menu détail, qu’un touriste solennel négligerait, m’en dit plus que dix pages de descriptions. Gérard demande pardon à son lecteur de lui rendre compte de Strasbourg comme d’un vaudeville : c’est précisément cette bonhomie d’allures et cette familiarité d’appréciations qui donnent à son livre cette saveur originale que l’on chercherait en vain dans les récits des autres. Il n’écrit pas un Guide, mais un Voyage sentimental ; il ne s’appelle pas Adolphe Joanne, mais