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GÉRARD DE NERVAL

des longs voyages. Entre deux sonnets pour l’Artiste ou deux articles pour la Presse, ce noble esprit, frère de Joubert qui aimait en effet à voyager dans des espaces ouverts et à se jouer dans des flots de lumière, s’en allait droit devant lui, toujours chargé de son cher souci, — son seul bagage. Il partait au moment où ses amis s’y attendaient le moins, sans y songer lui-même, comme pour obéir à l’irrésistible besoin de se fuir. Volontiers il eût fait comme cet original qui, un jour, après avoir demandé à sa femme trois œufs sur le plat pour son déjeûner et être sorti prendre l’air, était parti pour les Indes, et, de retour après quelques années, avait dit en entrant chez lui : « Les œufs sont-ils prêts ?… » Gérard partait, sans se préoccuper des choses ordinaires de la vie qui, parfois, se rappelaient brutalement à son attention. Le billet en vers, daté de Strasbourg, et adressé à Alexandre Dumas, à Francfort, en est la preuve.

Nous devons des pages nombreuses,