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GÉRARD DE NERVAL

était cette belle comédienne dont il avait une fois senti les longs cheveux d’or effleurer ses joues et à laquelle son âme était fiancée pour l’éternité. L’amour du peintre Colonna pour la belle Laura, — aimée jusque par delà la mort !

Il la pleura longtemps, en vers et en prose, à Paris et à Cologne, en France et en Italie, en Hollande et en Allemagne, sous les bosquets du Prater de Vienne et sous les ombrages du parc de Schœnbrunn, sur les rives du Bosphore et le long du canal de Bruges : il s’était juré à lui-même, comme Horace, d’aimer toujours sa Lalagé au doux sourire, à la voix plus douce encore :


Dulce ridentem Lalagen amabo
          Dulce loquentem,

D’ailleurs, la saveur âpre — quoique divine — du baiser qu’il en avait reçu, comme Alain Charlier de Marguerite d’Écosse, lui défendait d’oublier.