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GÉRARD DE NERVAL

poètes, insoucieux du présent, même de l’avenir, jettent en arrière des regards attendris, et « remâchent » leurs bonheurs d’autrefois, — leurs douleurs aussi. Seuls, ils songent aux verdoyantes amitiés de leur enfance, aux divines amours de leur jeunesse, aux chers morts et aux belles mortes enterrés dans le cimetière du souvenir.

Gérard de Nerval, moins sceptique que François Villon, son ancêtre, a dit :


Où sont nos amoureuses ?
Elles sont au tombeau !
Elles sont plus heureuses
Dans un séjour plus beau.

Elles sont près des anges,
Dans le fond du ciel bleu,
Et chantent les louanges
De la mère de Dieu.

Ô pâle fiancée,
Ô jeune vierge en fleur,
Amante délaissée
Que flétrit la douleur…

L’Éternité profonde