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GÉRARD DE NERVAL

raconter des histoires énigmatiques, esquisser les biographies lamentables de pauvres fous de génie, décrire les sombres existences du coin des rues ; il a voulu encore, — en entrant et en faisant entrer avec lui son lecteur dans ces cerveaux écornés, fendillés, entr’ouverts, où tombe la pluie, où règne la nuit, où l’intelligence se débat haletante, désespérée, sous des toiles d’araignées immondes, — il a voulu encore voir et faire voir aux autres, aux sains, aux sages, aux bien portants, le pourquoi de ces perturbations et de ces démences. Il a été médecin, ce malade ; il a été lucide, ce cerveau brouillé !

Ces recherches ont une face lugubre si elles ont une face amusante, un côté vertigineux si elles ont un côté attrayant. Et, précisément, la séduction vient du vertige, comme le vertige de la séduction. Malgré soi, à son insu, ou quelque roidissement qu’on y oppose, on se sent entraîné dans les profondeurs de ces abîmes, dans les im-