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ARTAXERCE, avec joie.

Il n’est point criminel !… que ne puis-je le croire ?
Ah ! pour briser ses fers, pour lui rendre sa gloire,
Je donnerais mon sang !… parle, achève, ma sœur !

MANDANE.

Docile à tes conseils, pour lire dans son cœur,
Au fond de sa prison, seule j’ose descendre.
J’entre : il ne me voit pas… Sa voix se fait entendre.
Je l’écoute, inquiète, et je surprends ces mots,
Que sa douleur confie aux murs de ses cachots :
« Vous, qui sous mes drapeaux avez perdu la vie,
» Intrépides guerriers ! que je vous porte envie !…
» Heureux d’avoir reçu la mort en combattant,
» J’aurais trouvé la gloire, et l’opprobre m’attend !…
» Mon père m’abandonne et souffre qu’on m’accuse !…
» Artaxerce écoutant un soupçon… qui l’abuse… »
Il frémit à ce mot : je m’approche, il se tait…
Vainement j’ai voulu pénétrer son secret ;
J’ai fait pour le fléchir un effort inutile.
Inquiet sur ta vie, et sur ses jours tranquille,