Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARTABAN.

Écoute : profitons du moment qu’on nous laisse.
Par ta sincérité réponds à ma tendresse…
De l’orgueil de Xercès, du mépris de sa foi,
De l’affront qu’il te fait je souffre plus que toi.
Son parjure m’outrage ; et le coup qui t’accable
Rendrait, même à mes yeux… ta révolte excusable.

ARBACE.

Qu’osez-vous dire ?

ARTABAN.

Qu’osez-vous dire ? Écoute !… et moins prompt à juger
Un père qui te plaint et veut te protéger,
Songe que ton bonheur est tout ce qui me touche ;
Songe aussi que ton roi te parle par ma bouche ;
Et lorsqu’il me prescrit de lire dans ton cœur,
N’accuse pas mon zèle, accuse sa terreur.
Tandis que nuit et jour ma sage vigilance
D’un monarque orgueilleux protège l’indolence,
Son palais (si j’en crois ses vils adulateurs)
Est rempli d’ennemis et de conspirateurs.
On dit que sourdement les Satrapes, les Mages,
Indignés de le voir payer par des outrages