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Scène III.

CLÉONIDE, ARTABAN, GARDES.
CLÉONIDE.

L’accueil fait au vainqueur a droit de vous surprendre ;
À le voir triompher vous deviez vous attendre :
Vos services, seigneur, l’éclat de vos vertus,
Aux bienfaits du monarque étaient un droit de plus ;
Mais on a vu par fois l’ambition cruelle
D’un soldat triomphant faire un sujet rebelle.
Votre fils, devenu le plus grand des guerriers,
Peut, par la trahison, flétrir tant de lauriers.
Sans doute à l’accuser mon maître est trop facile ;
Mais, alors qu’il craint tout, peut-il, d’un œil tranquille,
Voir s’avancer vers lui, du fond de ses états,
Ce colosse de gloire adoré des soldats ?
On dit qu’aux champs d’Ormus, où finit sa conquête,
Pour prix de ses exploits, l’armée a sur sa tête
Posé le diadême et l’a proclamé roi.

ARTABAN.

Ce bruit, né de l’envie, est-il digne de foi ?