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Seul, je puis à mon gré, sans son ordre, à toute heure,
Parcourir nuit et jour sa secrète demeure,
Tandis qu’inébranlable en mes projets hardis,
Pour les exécuter je n’attends que mon fils.
Mais ne crois point qu’alors je borne ma vengeance
À réclamer pour lui sa faible récompense.
On l’exclut du triomphe, il faut le couronner ;
Il a sauvé l’empire, il doit le gouverner…
Il faut aux grands un chef qui tienne sa parole,
Aux guerriers un modèle, aux mages une idole ;
Non un prince avili, vain fantôme de roi,
Sans force, sans vertu, sans honneur et sans foi ;
Qui, de l’or de son peuple uniquement avide,
N’écoutant au conseil que son cher Cléonide,
Au fond de son palais nous cache un nom flétri,
Et ne sait plus régner que par son favori.

MÉGABISE.

Jaloux de ton crédit ce favori sans doute,
Plus jaloux des lauriers de ton fils qu’il redoute,
Du roi contre un héros éveillant le soupçon,
Aiguise le poignard, apprête le poison.