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qu’il commet par excès de tendresse. Ce motif, qui rend la conjuration raisonnable et presque légitime, n’existe ni dans Crébillon, ni dans Métastase, ni dans Lemierre, et fait le charme et l’intérêt principal de la tragédie nouvelle. Dans Crébillon, Artaban n’a point de fils ; il n’agit que pour satisfaire sa propre ambition ; sa scélératesse parut atroce et absurde en entassant, pour lui seul, crimes sur crimes ; ajoutez à cela les fades lamentations d’une Amestris, d’un Darius, d’un Artaxerce, d’une Barsine, et vous ne serez pas surpris que cette intrigue, à la fois révoltante et comique, n’ait eu qu’une représentation. Lemierre a été moins malheureux ; mais il n’a fait que délayer en cinq actes les trois actes de l’opéra italien ; il a même retranché la première scène où Arbace et Mandane se font leurs adieux dans Métastase, et il commence par la scène de l’assassinat de Xercès. On voit, au lever de la toile, Artaban sortir de l’appartement du roi le fer sanglant à la main. Si c’est là une exposition, que nous réserve-t-il au dénoûment ? M. Delrieu a senti le danger de cette exposition ex abrupto, et a imaginé les deux premiers actes qui, en ménageant la surprise, graduent l’intérêt jusqu’à la scène de l’épée sanglante, qui fait alors un grand effet, parce qu’elle est bien préparée.