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              CHAPITRE PREMIER


                               PORTRAITS

UNE AMIE — UN AMANT — UN ONCLE — ET DEUX RIVALES


Elle était mon amie, — et j’aimais à la voir,
Le matin exaltée, et moqueuse le soir ;
Puis tour à tour coquette, impérieuse et tendre,
Du grand homme et du sot sachant se faire entendre :
Sachant dire à chacun ce qui doit le ravir,
Des vanités de tous sachant bien se servir ;
Naïve en sa gaîté, rieuse et point méchante ;
Sublime en son courage, en sa douleur touchante :
Ayant un peu d’orgueil peut-être pour défaut,
Mais femme de génie, et femme comme il faut.

Combien nous avons ri quand nous étions petites  !
De ce rire bien fou, de ces gaîtés subites
Que rien n’a pu causer, que rien ne peut calmer ;
Riant pour rire, ainsi qu’on aime pour aimer.
Je plains l’être sensé qui cherche à tout sa cause,
Qui veut aimer quelqu’un, rire de quelque chose :
Mes grands bonheurs, à moi, n’eurent point de sujets :
Mes plus vives amours se passèrent d’objets.