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Il m’aime !... ô jour de gloire, ô triomphe, ô délire !
Tout mon cœur se réveille, et je reprends ma lyre ;
Je suis poète encore, — et veux que l’univers
Devine mon bonheur à l’éclat de mes vers ;
Je veux pour le chanter, m’enivrant d’harmonie,
Au feu de son amour allumer mon génie ;
Oui, je veux, dans la lice atteignant mes rivaux,
Justifier son choix par des succès nouveaux,
Et, digne de le suivre en sa noble carrière,
Suspendre à ses lauriers ma couronne de lierre.

Par d’amères douleurs si longtemps éprouvé,
Mon cœur trouve en un jour tout ce qu’il a rêvé ;
Lui seul pouvait me plaindre et comprendre mon âme,
Lui seul pouvait aimer la gloire d’une femme !
Le riche, dans le temple assis avec orgueil,
Permet à l’indigent de prier sur le seuil ;
Le monarque adoré que le pouvoir enchante
Se montre-t-il jaloux de la voix qui le chante ?
Non ; — et celui qui règne au milieu des combats,
Qui, d’un mot, peut changer le destin des États ;
Celui qui s’illustra par des succès sans nombre,
D’un regard protecteur verra grandir à l’ombre