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Oh ! sur ce lit de deuil, Juliette nouvelle,
Peut-être espérais-tu te réveiller comme elle !

Pour mourir, elle a mis sa parure de bal,
La couronne de fleurs, le bouquet virginal ;
Cette parure était pleine de modestie ;
Par des nœuds élégants sa robe assujettie,
Son voile, frais linceul sur ses grâces jeté,
De ses derniers moments disaient la pureté.
Ô vierge ! dors en paix sous ta sainte guirlande !
Sur l’autel de la mort… on respecte l’offrande ! !

                                ――

Or, à cette heure, Alfred était en rendez-vous,
Dans un de ce moments que l’on nomme bien doux :
Mais n’enviez pas trop le séduisant jeune homme :
Ces coquettes beautés que le monde renomme
Pour l’amour triomphant ont souvent peu d’attraits,
Et lui font regretter un minois rose et frais.
L’amour n’est pas autant aveugle qu’on le pense :
C’est un enfant gâté qui veut sa récompense.
Souvent, vers le séjour si longtemps souhaité
Il court avec ivresse — et fuit désenchanté.
— N’allez pas dire encor que nos conseils sont rudes, —
Femmes qui n’aimez point, coquettes, — soyez prudes.

Alfred de chez la belle a disparu sans bruit,
Se demandant tout bas ce qui l’avait séduit.
Pressant les longs adieux et les regrets d’usage,
Furtif, il est sorti par un secret passage.
Depuis qu’on s’est aimé, jamais amant heureux,