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Quand l’heure résonna, — l’heure affreuse, fatale,
L’heure qu’il oubliait auprès d’une rivale !
Son courage revint avec le désespoir.

« La mort !… Ici… vivante il ne doit pas me voir ! »
Dit-elle…

               Et, par se soins, les portes se fermèrent,
Et les charbons rougis pour la mort… s’allumèrent.

« Hâtons-nous, pensait-elle ; oh ! s’il allait venir !…
Que dis-je ?… Elle saura longtemps le retenir…
Mais demain, ô demain, je lui serai rendue !…
Et là, je serai froide et pour l’amour perdue !
Et, dans son désespoir, il se rappellera
Celle pour qui je meurs… et nous comparera…
Me préférant alors, dans sa haine indignée,
Il dira : Qu’elle est belle  !… et je l’ai dédaignée !
Et j’ai causé sa mort… Ô délire, ô fureur ! —
ELLE ! !… Il ne pourra plus la nommer sans horreur.
Il trouvera sa vie et ses ruses infâmes ;
Il la trouvera laide entre toutes les femmes !…
Avec amour, sur moi — ses regards tomberont.
Triste, il admirera la candeur de mon front ;
Sur ma tête glacée il versera des larmes ;
Du bien qu’il sacrifie il sentira les charmes…
Cent fois il redira mon nom !… Cris superflus !
Ce cœur, qu’il a brisé, ne lui répondra plus.
Mais, en voyaiit ses pleurs, mon ombre soulagée
S’envolera joyeuse… Ah ! je serai vengée ! »

Sur la couche… un moment, de honte elle frémit…
Mais chaste, elle entrevit la mort — et s’endormit….