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Si l’on n’a point d’ami pour détourner le sort,
Si l’on n’est retenu par une main chérie,
Si l’on n’entend au loin une voix qui vous crie :

« Arrête, ne meurs pas, espère, vis pour moi ! »

Le désespoir vous mène au crime sans effroi.
Oh ! qui n’a ressenti, dans le cours de sa vie,
Cette douleur de feu qui veut être assouvie,
Qui brave le mépris, la honte, le danger ;
Qui veut agir, qui veut, à tout prix, se venger ?
Une longue douleur mène à l’indifférence ;
Mais un malheur subit… tombé sur l’espérance,
Est un coup imprévu dont le choc étourdit.
Le courage se glace, et le cœur se roidit ;
C’est un vent froid soufflant sur un lutteur en nage ;
C’est ce qui fait qu’on meurt pour un bal au jeune âge.
On ne se défend point contre un mal imprévu.
Sitôt qu’on est surpris sans arme… on est vaincu.

                                ――

 « Le comte de Narcet ?
                                     — Il est sorti, madame.

— Eh bien, je l’attendrai. »

                                          « C’est une belle femme,
Dit le vieux domestique en montant l’escalier ;
Mais elle me fait peur ; son air est singulier.
Je soupçonne monsieur d’avoir beaucoup d’intrigues.
Ah ! ces jeunes marins, ils sont fous et prodigues.
C’est à ces femmes-là que va tout leur argent. »