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— Qui ? monsieur de Narcet ?

                                                 — Oui, mon futur cousin :
Ma cousine lui plaît, sa fortune le tente.
Amanda Gobinard l’aime assez, mais ma tante
Dit qu’il n’a pas le sou, qu’il est léger, qu’enfin
Une femme est toujours veuve avec un marin.

— Et cette jeune fille… est-elle aimable… belle ?…

— Mais, vous pouvez la voir ; il dansait avec elle…

— Tout à l’heure ?…

                                 — À l’instant.

                                                          — Ah  ! oui, je les ai vus. »

Et puis elle pensait : « Je ne respire plus !
Je sens que je succombe ! Oh ! ma tête se trouble… »
Mais elle se contraint, son courage redouble.
Soufirir et plaisanter, femmes, c’est notre lot.
Tout bas elle disait  : « Le monstre !… » Et puis tout haut :
« Que ces airs sont jolis ; ils font aimer la danse ! »

ELLE PENSAIT :

                      « Hélas ! plus d’amour, d’espérance !
Aimer pour de I’àrgent une héritière, lui  !…
Eh bien, il peut m’aimer ! je suis riche aujourd’hui !…
Mais il a trop d’orgueil… Cet orgueil nous sépare :
Ce soir il s’est montré trop vil et trop barbare,
Pour revenir à moi plus tendre, en apprenant