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— Il est plus pâle encor que sa cravate blanche ;
Il a l’air d’un noyé…

                                — Qui valse avec sa planche. »

Napoline écoutait ces propos, et souffrait
D’entendre ainsi parler d’Alfred qu’elle honorait.

Elle riait pourtant à travers sa tristesse.
D’ailleurs ces propos fous n’étaient pas sans justesse :
Alfred était vraiment ridicule en valsant,
Avec ses longs cheveux et son air menaçant.
Du monde et de l’esprit inconcevable empire !
Ridicule malheur qui tue — et qui fait rire…
Ce n’est qu’en nos salons que l’on peut t’éprouver !

La valse étant finie, il fallut se lever,
Céder sa place enfin. — Une aimable comtesse
Que l’heureux Beaucastel trompa dans sa jeunesse
À Napoline, au bal, servait de chaperon.
Elle voulut passer dans un autre salon :
Napoline obéit.

                        Dans la serre élégante
On se promène, on rit. La vieillesse intrigante
Sous des myrtes en fleur discute le budget ;
Un vieux duc d’une loi déplore le rejet
Près d’un jeune ministre, et guette un portefeuille
En tournant dans ses doigts un œillet qu’il effeuille.

Sous ces verts orangers, sous ces lilas fleuris,
Les mères vont causer, — et dormir, les maris.
Ceux qui rêvent l’amour, qui cherchent à se plaire,