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L’élégant lord Seymour, si brillant à cheval,
Sur un âne rétif figurerait fort mal ;
Et Soumet ne pourrait, sans une peine atroce,
Tourner un vaudeville et des couplets de noce !

Ainsi, les cœurs taillés pour de grandes vertus
Ne peuvent s’abaisser à des jeux superflus ;
Ils traînent dans l’ennui leurs heures indolentes.
Tel le chamois captif vit au jardin des Plantes :
On le voit tout le jour couché sous les rameaux : —
C’est le plus paresseux de tous les animaux.

Pour ces cœurs exaltés l’amour est une proie,
Et Napoline aimait avec ardeur et joie.
Elle avait tout placé sur cet attachement ;
Elle aimait comme on hait, — toujours, assidûment.
C’était plus qu’un amour, c’était une pensée,
Un champ vaste où son âme ardente élait lancée,
Un de ces maux rongeurs qui ne pardonnent pas.
Elle ne pouvait plus revenir sur ses pas.
Lorsqu’on a mis sa vie en un rêve de flammes,
Lorsqu’on est possédé par le démon des âmes,
À de froids sentiments on ne peut recourir.
Elle, ne pouvait plus qu’être heureuse — ou mourir.

Hélas ! qu’elle eût été douce et charmante… heureuse !
Conuniue elle eût animé sa vie aventureuse !
Que la joie eût donné d’élan à son esprit !
Le génie est si franc quand il jouie et sourit !
Dans ses rêves de feu son âme était si belle !
On devenait poète en causant avec elle.

Je n’ouiblîrai jamais l’éclat de ses beaux yeux,
Le jour qu’elle arriva, le cœur libre et joyeux,