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Au culte des faux rois nous avons dit adieu :
Notre amour… est au peuple, — et notre encens… à Dieu !

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                          CHAPITRE II


                               
        FORTUNE SUBITE — UN BAL — JOIE ET DOULEUR

Faire tout pour l’argent — et n’étre point avare !
C’est le siècle, en un mot.

Chez nous, il n’est pas rare
De voir un jeune fat, pour quelque mille écus,
Dans un sombre manoir aller vivre en reclus.
L’argent nous fait changer de nature : une femme
Sensible — épouse un vieux sans tristesse dans l’âme.
Autrefois, on pleurait en suivant à l’autel
Un barbon, et c’était par ordre maternel ;
Aujourd’hui c’est par goût : pour une jeune fille,
Le bonheur ce n’est plus l’amour, c’est l’or qui brille ;
Ce n’est plus un amant cher entre ses rivaux  ;
C’est un riche carrose avec de beaux chevaux,
Qui, sur les boulevards, éclaboussent la foule ;
C’est un vase chinois sur un meuble de Boule ;
Une loge aux Bouffons, une bonne maison,
Un château près d’Arcueil dans la belle saison ;
Et de ce pur amour rien ne trouble la joie
Si le lit nuptial a des rideaux de soie !