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Chez elle les talents viennent de toutes parts ;
Elle invite à grands frais le poète à la mode ;
Puis, tandis que pour elle il dit sa plus belle ode,
Elle rattache un gant, un nœud, un bracelet :
Si l’on chante, elle cause au milieu d’un couplet.
Fausse pour être aimable, et bonne par systéme,
Chacun de ses regards semble implorer qu’on l’aime :
Et je vous jure, moi, qu’on n’en refuse aucun.
Elle sait enivrer d’un factice parfum ;
Elle attire, elle plaît ; et moi-même j’avoue…
Je la déteste.. eh bien  ! je comprends qu’on la loue,
Et je lui reconnais un charme séducteur.
Toujours, à son aspect, d’un sentiment flatteur,
Malgré tous mes griefs, je me sentais saisie…
Ah ! c’est que l’élégance est de la poésie !

La seconde rivale était une beauté
Imposante, en effet, par sa rotondité ;
C’était tout bonnement une grosse héritière,
Parure de princesse et mine de fruitière ;
Sa démarche, son ton et ses discours bavards,
Ses petits yeux chinois lançant de longs regards,
Tout en elle disait aux âmes délirantes :
« PAPA me donnera cent mille écus de rentes ! »

Et, contre tout cela, combattait chaque jour
Un ange de beauté, de génie et d’amour !

                                ――

Voilà bien des portraits, dira-t-on, dans ce livre !
Eh ! quand on voit les gens avec qui l’on doit vivre,
Déjà ne sait-on pas le sort qui vous attend ?
Tel ami, — tel destin, — tel défaut donne tant !