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Que ces Français, jadis si fiers de sa naissance,
Qui de son berceau d’or encensaient la puissance,
Indifférents un jour, ne verraient dans sa mort,
Qu’un gage de repos, un heureux coup du sort,
Et que lui, dont Paris célébra le baptême,
Lui ! ! ! du nom d’ÉTRANGER subirait l’anathème !…

C’est qu’il faut être vieux pour prévoir les ingrats :
Seule prévision qui ne nous trompe pas !

                                ――

Cette prompte lueur, ce dangereux mystère,
En exaltant son âme ardente et solitaire,
Pour Napoline, hélas ! fut un tourment de plus.

Son oncle l’accablait de sermons superflus :
Il nommait son brillant esprit de la folie,
Il se moquait tout haut de sa mélancolie,
Dénonçait ses talents comme autant de travers,
L’accusait, devant moi ! d’avoir rimé des vers,
Lui vantait les vertus qu’il permettait aux femmes,
Et noyait ses sermons dans des flots d’épigrammes.
Pour ramener au vrai c’était un sot moyen.
Oh ! qu’il était bavard ! Il nous ennuyait bien !

Enfin, il découvrit qu’Alfred et Napoline
S’aimaient. Un amour pur aisément se devine.
Alors il redoubla de ruse en ses discours ;
De sa plaisanterie il reprit l’heureux cours.
D’Alfred il critiquait l’esprit et la tournure ;
Il l’appelait « Marin ! » croyant dire une injure :
Mais comme on l’écoutait presque indifféremment,
Plus cruel, il niait son tendre dévouement :