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Qui fait dans notre cœur avorter l’héroïsme,
Qui jette sur nos jours des voiles attristants,
Et fait que, sans malheur, on se tue à vingt ans !…
Voilà le vrai danger ; car l’amour qu’on expie…
Offense moins le Ciel qu’un désespoir impie !

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Pauvre enfant, que d’ennuis ton jeune âge a souflerts
Chez ce joyeux parent, négligemment pervers !
Que de trouble il jeta dans ton âme douteuse !
Comme de ta candeur il te rendait honteuse !
Pour l’étude et les arts il blâmait ton ardeur ;
Puis, quand tu voulais rire, il devenait grondeur.
Prude, pédant, léger, quel bizarre contraste !
À l’église il voulait te conduire avec faste,
Et t’apprendre à prier en femme de bon ton ;
Puis, tout le temps du prône, il riait du sermon ;
Et, pour mieux exalter ta prière fervente,
Plaisantait le curé sur sa grosse servante.

Aussi ton jeune cœur, égaré dans sa foi,
Du Ciel qu’il te fermait a méconnu la loi ;
Du séjour des élus il t’a caché la route,
Et ton dernier soupir s’est éteint dans le doute !
Si Dieu n’eut point pitié de toi quand tu mourais,
S’il ne t’a point dicté de pénitents regrets,
S’il n’a point révélé le Ciel à ton génie,
Si, te voyant souffrir il ne t’a point bénie,
Si tu hrûles, hélas ! dans l’abîme éternel…
C’est grâce à ce charmant marquis de Beaucastel ! ! !
Lui seul par ses discours a perdu ta jeune âme ;
Et quand je le maudis, quand je le nonmnie infâme,
Lorsque ma lyre en deuil gémit pour te veiger…