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Dans de certains périls vaut mieux un fou qu’un sage.
Tel, sur le front des rocs s’élance avec ardeur,
Chancelle — quand du gouffre il sait la profondeur.
Vieillards, gardez pour vous vos préceptes arides,
Gardez votre prudence, elle sied à vos rides !
D’une sublime erreur n’arrêtez point l’excès ;
C’est la témérité qui fait les grands succès.
La force du jeune âge est dans son ignorance ;
Vieillards !… notre sagesse, à nous, c’est l’espérance !

Mais non… de nos erreurs les cruels sont jaloux :
Le trop plein de leurs ans retombe aussi sur nous.
Dans nos beaux jours troublés, la nuit touche à l’aurore :
À quinze àns, dans l’erreur, ou peut rêver encore ;
Mais à vingt ans l’on sait que plaire n’est qu’un jeu,
Qu’un cœur froid peut parler un langage de feu ;
Jeunes, on nous apprend à fuir ce qui nous charme.

Ainsi, l’esprit tremblant d’une indécise alarme,
Napoline, à l’espoir se livrant à demi,
Sentait auprès d’Alfred un obstacle ennemi ;
Puis venaient ces avis d’une grossière adresse,
Qui taquinent le cœur et faussent la tendresse,
Qui font d’un pur amour senti profondément
Une sotte bravade, un fol entêtement.
D’épigrammes sans art les parents sont prodigues.
Napoline voyait ces petites intrigues ;
Elle avait pour tuteur son oncle maternel,
Un bellâtre, nominé monsieur de Beaucastel.
Or, on écoute mal un oncle petit-maître.

À ce portrait fidèle on peut le reconnaitre :