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POÉSIES

CHANT II

« Voici la nuit… J’attends… Dieu ! qu’il tarde à venir !…
» Que fait-il ?… loin de moi qui peut le retenir ?…
» Déjà tous les pasteurs sont rentrés sous leur tente…
» N’aura-t-il pas pitié d’une si longue attente ?…
» C’en est fait ! l’heure expire, et je n’ai plus d’espoir !
» Celui pour qui je veille avait dit : « À ce soir ! »
» Il avait dit : « Ce soir… » et la nuit est venue !…
» J’éprouve une souffrance à mon âme inconnue…
» Du retour de Paulus serait-il offensé ?
» Craint-il un souvenir dans mon cœur effacé ?…
» Ou bien pour un refus a-t-il pris mon silence ?…
» Faut-il de son amour accuser l’indolence ?
» Non… j’en crois sa prière et son brûlant regard,
« Sans doute il va venir… mais comme il viendra tard ! »

Ainsi, tout à l’amour qui domine son âme,
Magdeleine, oubliant qu’un devoir la réclame,
N’a point revu sa sœur, et ne s’informe pas
Des motifs qui loin d’elle ont retenu ses pas.
Et pourtant Séphora, si vive, si légère,
Est l’enfant qu’à ses soins avait légué sa mère.
Seule — on la voit prier au tombeau maternel.
Des dangers où la livre un oubli criminel
Quelques vieux serviteurs préservent sa jeunesse.
À la grâce elle unit la candeur, la finesse ;