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IV.


Des pas nombreux, des éclats de voix, un incessant va-et-vient troublaient le calme austère du vieux manoir. Dans la cour d’entrée, autour de plusieurs charrettes chargées de caisses, des hommes s’agitaient, surveillés par le vieux Fanche, assis dans un angle de la cour… Le mobilier des enfants de Sézannek était arrivé et, depuis le matin, les déménageurs s’occupaient à le caser dans le manoir, selon les indications de Georgina.

Miss Elson et Alix étaient fort occupées au premier étage de la tour. Il s’agissait de placer provisoirement les meubles destinés à leur appartement, en attendant qu’un tapissier, appelé de Vannes, vînt faire les arrangements nécessaires.

Avec une émotion mélancolique, Alix revit sa jolie chambre de laque blanche à filets roses. Quel singulier contraste produisait cette élégance fragile et claire dans cette vieille grande chambre tendue d’étoffe sombre et usée !… Gaétan résuma l’impression générale en déclarant :

— C’est affreux !… À ta place, Alix, je ne voudrais jamais demeurer ici !

— Crois-tu donc que j’y suis de mon plein gré ?…

Elle s’arrêta, regrettant aussitôt ce cri de protestation involontairement échappé à son cœur attristé… Mais il était trop tard. Gaétan lui saisit la main en s’écriant avec ardeur :