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Il consiste dans un vertige essentiel qui fut guéri par un traitement rationnel et, au moment où les symptômes de la méningo-encéphalite disparaissaient, il survint subitement une amaurose double de laquelle on triompha aussi. Voici comment cela se passa :

Il y a trois ans environ, une jument bretonne, âgée d’une vingtaine d’années, mère et nourrice, mais assez bien conservée, fut conduite dans nos hôpitaux, où je dus la soigner de concert avec un de mes condisciples.

D’après les renseignements donnés par son propriétaire, cette bête avait eu un vertige six ans auparavant, et des traces de sétons, qui paraissaient encore à l’encolure, rendirent cet aveu vraisemblable. Depuis sa guérison, elle avait toujours fait un excellent service et avait été livrée à la reproduction. Soumise à une course fatigante, elle avait présenté à la suite les symptômes de la méningo-encéphalite aiguë, pour laquelle nous la traitâmes, immédiatement après que M. Lafosse en eut porté le diagnostic et prescrit la thérapeutique. Son examen accompli, notre professeur manifesta la crainte que ces troubles fonctionnels fussent dus à l’influence de lésions anciennes de l’encéphale. Par l’application des moyens curatifs qui furent ordonnés, nous pûmes obtenir une amélioration graduelle et, au bout de six ou sept jours, elle était complètement guérie ; quand tout-à-coup elle est devenue aveugle, et on a reconnu qu’elle était frappée d’amaurose. Pour la guérir, on fit des frictions de teinture de noix vomique autour des paupières et de pommade de strychnine sur le globe oculaire ; on appliqua ensuite un séton de chaque côté de la tête, en dessous de l’apophyse zygomatique, tout en ayant soin de maintenir la suppuration à deux autres sétons qui existaient déjà à l’encolure, de même que deux grandes plaies latérales produites par des