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Et passe tout à travers De mon cœur & de mes ners, Et tous mes membres deslie : D’un bouclier la main garnie Pour me parer, ne peut rien. Las ! pour néant aussi bien. Par dehors l’on nous enserre, Puisqu’au dedans est la guerre.

(Rémi Belleau.)


MEME SUJET

Jodelle, l’autre jour l’enfant de Cytherée Au combat m’appela, courbant son arc turquois, Et lors, comme hardi, je vesti le harnois, Pour avoir contre luy la chair plus asseurée.

Il me tira premier une flèche acérée Droit au cœur, puis une autre, & puis tout à la fois Il décocha sur moy les traits de son carquois, Sans qu’il eust d’un seul coup ma poitrine enferrée.

Mais quand il vid son arc de flèches desarmé. Tout despit s’est: luy-mesme en flèches transformé ! Puis en moy se rua d’une puissance extresme.

Quand je me vy vaincu, je me desarmay lors, Car rien ne m’eust servi de m’armer par dehors, Puisque mon ennemy estoit dedans moy-mesme.

(Ronsard, Amours, t. I, i5o, Bibl. elz.)