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L’AMOUR PIQUE PAR UNE ABEILLE

Le petit enfant Amour Cueillait des fleurs à l’entour D’une ruche où les avettes Font leurs petites logettes.

Comme il les allait cueillant, Une avette sommeillant Dans le fond d’une fleurette Lui piqua la main tendrette.

Sitôt que piqué se vit, Ah ! je fuis perdu, ce dit ; Et,s’en courant vers sa mère, Lui montra sa plaie amère :

Ma mère, voyez ma main, Ce disait Amour tout plein De pleurs, voyez quelle enflure M’a fait une égratignure !

Alors Venus se sourit. Et en le baisant le prit, Puis sa main lui a souflée, Pour guérir sa plaie enflée.

《Qui t’a, dis-moi, faux garçon, Blessé de telle façon ? Sont-ce mes grâces riantes De leurs aiguilles poignantes ?

-Nenni,c'est un serpenteau, Qui vole au printemps nouveau Avecques deux ailerettes Çà et là sur les fleurettes.

Ah!vraiment je le connois, Dit Vénus;les villageois De la montagne d’Hymette Le susurnomment Mélissette.

Si doncques un animal Si petit fait tant de mal, Quand son alène époinçonne La main de quelques personnes,

Combien fais-tu de douleurs Au prix de lui,dans les cœurs De celui en qui tu jettes Tes amoureuses sagesses? 》

Pierre de Ronsard,odes,livre lV



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