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Tu me plais, doux poète au flot calme et limpide ! Quand le sentier qui monte aux cimes est rapide, Bien souvent, fatigue’s du soleil, nous aimons Boire au petit ruisseau tamisé par les monts !

« La lie même de la littérature des Grecs, dans sa vieillesse, offre un résidu délicat. » Ce mot si fin de Joubert est applicable aux petits poèmes qui nous occupent. Quoi qu’en aient pu dire les érudits, il faut reconnaître qu’il y en a de charmants, quelques-uns tout à fait délicieux, comme l'Amour mouillé,la Colombe, la Cigale, A quel signe on distingue les amoureux, et une vingtaine d’autres qu'Anacréon peut-être n’aurait pas désavoués, qu’il aurait certainement accueillis avec un sourire indulgent.

« C’est, dirons-nous avec M. M. Croiset, une reproduction 

assez libre et un peu grossière parfois de l’original, mais non pas plus inexacte en somme que tant de statues ou de peintures inspirées par une œuvre illustre, et qui, lorsque le modèle est perdu, peuvent aider l’imagination à s’en faire encore quelque idée. » Il n’est donc pas étonnant que le Recueil de Henri Estienne ait fait la joie des poètes du XVI" siècle,épris des sagesses aussi bien que des folies antiques, amoureux surtout de l’art grec, et que la grâce légère et mignarde, le style limpide de ces petites pièces les aient ramenés à traiter des motifs plus riants et moins pindariques, mieux appropriés à leurs forces et plus conformes au goût de la nation. On ne se contenta point de les imiter, on les traduisit toutes