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I07 L’ARONDELLE Si tost: que tu sens arriver La froide saison de l’hyver, En septembre, chère arondelle, Tu t’en voles bien loin de nous ; Puis tu reviens, quand le temps doux, Au mois d’avril se renouvelle.

Mais Amour, oyseau comme toy, Ne s’enfuit jamais de chez moy : Tous jours mon hoste je le trouve ; Il se niche en mon cœur tous jours, Et pond mille petits Amours Qu’au fond de ma poitrine il couve.

L’un a des ailerons au flanc. L’autre de duvet est tout blanc, Et l’autre ne fait que d’éclore ; L’un de la coque a demy sort. Et l’autre en becquette le bord, Et l’autre est dedans l’œuf encore.

J’entends, soit de jour, soit de nuit De ces petits Amours le bruit, Béans pour avoir la bêchée Qui font nourris par les plus grans. Et grands devenus, tous les ans Me couvent une autre nichée. (Ronsard, Odes, II, 358, Bibl. elz.)