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io6 L’ARONDELLE Ha Dieu, tu reviens tous les ans, Tu reviens tous les ans, mignonne, Et puis, ton petit bec maçonne Ton nid, au retour du Printems. L’Hyver venu, tu t’en retournes, Ou dessus Memphis tu sejournes, Ou sur le Nil : las ! mais Amour, Amour cruel, Amour sans cesse Son nid en ma poitrine dresse, Y faisant éternel sejour. L’un de ses petits sur le dos A le duvet, & branle l’aele, L’autre est en sa coque nouvelle, Et l’autre est a demi eclos : Puis ceste amoureuse nichée Tous jours demande la bechee, Tous jours crie & tous jours a faim, Les plus grands les petits nourrissent : Ainsi jamais ils ne perissent, En recouvant d’autres soudain. Qu’est-ce, Dieux, que faire je doy ? Helas ! Je ne puis ce me semble, Tel nombre d’amoureaux ensemble Couver & nourrir dedans moy. (Rémi Belleau.)