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D’un autre côté, si les éleveurs entreprennent la production du Camargue, il ne faudra pas négliger le dressage des chevaux à vendre. Un bon cheval dressé ne manque jamais d’acheteurs et se vend toujours cher, tandis que souvent on ne veut à aucun prix de celui dont on ne peut se servir immédiatement. Nous sommes assurés que la préférence qu’on donne sur les marchés du Nord comme sur ceux du Midi de la France aux chevaux Allemands n’est due qu’à l’avantage qu’ont ces chevaux d’être attelés ou montés immédiatement, ce qui n’arrive pas pour le plus grand nombre de nos chevaux Français.

Et cependant, pour le dressage des chevaux, la Camargue a un avantage que ne possèdent pas les autres pays d’élève ; elle est pourvue d’une classe d’hommes tout-à-fait aptes à ce métier. Ce sont les Gardians des manades dont les mœurs ont été décrites par Madame Louis Figuier[1]. Nés et élevés au milieu des chevaux comme les Arabes, ils sont d’une dextérité toute particulière pour prendre et manier les chevaux même les plus difficiles. Ils ont une patience, une douceur, un tact qui ne peuvent être que la conséquence d’une aptitude particulière et d’une expérience consommée du caractère des chevaux qui leur sont confiés. Je suis persuadé que si les Gardians avaient un intérêt dans la vente des chevaux dressés, ils les rendraient tous comme ceux qu’ils montent, et qui sont si dociles, si maniables et si énergiques.

  1. Le Gardian de la Camargue