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quarante ans au moins ils ont été maîtres de Narbonne et des territoires environnants. Ce peuple guerrier mais essentiellement civilisateur, dont les armées consistaient particulièrement en cavalerie, dut former durant sa domination des établissements variés pour fournir à ses besoins. Nécessairement ses usages et ses coutumes passèrent un peu aux vaincus. En les chassant, on trouva bon probablement de garder ce qu’ils avaient fait d’utile, et un grand nombre de chevaux furent abandonnés dans les marais, et ailleurs, lesquels fournissaient sans frais à leur dépaissance. Ils se multiplièrent d’autant mieux, qu’ils échurent en des mains qui surent les apprécier. Ceux qui furent abandonnés dans la Camargue vécurent à l’état sauvage, mais ils conservèrent pendant longtemps leur cachet oriental. Ce qui le prouve, c’est que le duc de Newcastle écrivait encore en 1670, que les gentilshommes des bords de la Méditerranée achetaient tous les ans des chevaux barbes à l’âge de deux, trois et quatre ans, à Frontignan, à Marseille, où on les débarquait, qu’ils avaient pour coutume de mettre les nouveaux venus parmi les poulains de leurs haras, et qu’ils les vendaient ensuite indistinctement comme chevaux nés en Afrique, tant la ressemblance physique et morale était frappante entre eux.