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vernail de l’Église, Pie IX n’avait point été en position de découvrir les écueils qui menaçaient la barque de Pierre, et il cherchait instinctivement le moyen de les éviter. Il crut devoir d’abord accorder à l’opinion publique et aux instances des souverains, l’amnistie en faveur de ceux des Carbonari frappés par la justice. Elle avait été réclamée à cor et à cri sous le règne de Grégoire XVI. « Nous nous servirons des larmes réelles de la famille et des douleurs présumées de l’exil, écrivait Nubius à Vindice, dès 1832, pour nous fabriquer de l’amnistie une arme populaire. Nous la demanderons toujours, heureux de ne l’obtenir que le plus tard possible, mais nous la demanderons à grands cris. »

Quelles paroles pourraient mettre dans un plus grand jour le fond du cœur des révolutionnaires ! Ils feignent de prendre intérêt aux misères et aux souffrances populaires ; en réalité, ils les font naître ou ils les exaspèrent afin d’en tirer profit pour eux.

Pie IX ne s’en tint point là. Ne sachant pas encore qu’il ne faut, comme le dit Crétineau-Joly, toucher à la Révolution que pour lui abattre la tête (ce qu’il fit plus tard par le Syllabus), il crut pouvoir concéder quelque chose de ce qu’elle demandait par des améliorations sagement progressives. « Courage, Saint-Père ! » lui criait M. Thiers, du haut de la tribune

    d’une croisade pour l’indépendance de l’Italie et la liberté des nations. Jamais peut-être Lamennais ne fut plus éloquent. Son âme s’épanouissait sous ce rêve de délivrance universelle, opérée par l’initiative papale. Ce qui avait été le songe caressé de sa jeunesse allait-il donc s’accomplir ? » (Mémorial de la Légion polonaise de 1848, créé en Italie par Sdam Mickiewicz, publication faite d’après les papiers de son père avec préface et notes par Ladislas Mickiewicz. Paris, 1877, t. I, p. 30).