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Déjà, en 1869, M. l’abbé Gay, depuis sacré évêque, disait à Rome même : « Le Saint-Siège ne saurait trop surveiller l’Amérique du Nord ; il s’y prépare de singulières choses[1]. » Ces choses singulières, alors en germe, seraient-elles sur le point d’éclore ?

On parle d’un Catholicisme américain. C’est le titre qu’un Français américaniste — ce barbarisme est reçu — a donné à un article-programme dans la Revue française d’Edimbourg, en septembre 1897. Le mot a été adopté, et il fait son chemin.

Un Catholicisme américain !

Le catholicisme n’est ni américain, ni français, ni italien : il est universel, il s’étend à tous les temps, à tous les lieux, toujours et partout semblable à lui-même. S’il existait vraiment un catholicisme américain, ce serait un christianisme qui ne serait plus le catholicisme, puisqu’il prendrait une spécification qui le séparerait de la grande unité religieuse : hérésie, si la spécification est doctrinale ; schisme, si elle l’arrache à l’autorité de celui à qui Jésus-Christ a dit : « Tu es Pierre, et

  1. Cité dans la Semaine d’Annecy, en juin 1895.