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rée par la Révolution. « Je ne songe jamais, disait-il, sans admiration à cette trombe politique qui est venue arracher de leurs places des milliers d’hommes destinés à ne jamais se connaître, pour les faire tournoyer ensemble comme la poussière des champs. » Il ajoutait : « Si le mélange des hommes est remarquable, la communication des langues ne l’est pas moins. » Et il citait cette phrase d’un livre qu’il venait de prendre à l’Académie de Saint-Pétersbourg : « On ne voit point encore à quoi servent nos travaux sur les langues, mais bientôt on s’en apercevra. Ce n’est pas sans un grand dessein de la Providence que des langues absolument ignorées en Europe, il y a deux siècles, ont été mises de nos jours à la portée de tout le monde. Il est permis déjà de soupçonner ce dessein. »

Et plus loin : « Ajoutez que les plus longs voyages ont cessé d’effrayer l’imagination ; que l’Orient entier cède manifestement à l’ascendant européen ; que le Croissant, pressé sur ses deux points, à Constantinople et à Delhi, doit nécessairement éclater par le milieu ; que les événements ont donné à l’Angleterre quinze cents lieues de frontières avec le Thi-