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Rouen

mieux vaut créer de l’inédit selon l’esprit du siècle auquel on appartient. L’Amérique des gratte-ciel est intéressante ; l’Amérique des châteaux de la Loire fait rire.

À nous, enragés de confort et de rapidité, de trouver notre style personnel. Or, de nos jours, la véritable inspiratrice des œuvres originales est presque toujours la déesse Utilisation.

C’est ainsi que le pont à transbordeur de Rouen, alors que l’ingénieur Arnodin, son constructeur, n’a certainement pas voulu faire œuvre artistique, est ; pour finir, une création dont la ligne aérienne n’a rien de choquant, et qui même représente assez bien, dans cette ville du passé, le paraphe des temps présents.

Le pont à transbordeur de Rouen, outre son utilité, devient comme la cathédrale de la vie mécanique, et sa silhouette traversée d’air s’ajoute aux découpures ajourées du vieux temps pour meubler à son tour l’espace pâle où s’étend la belle capitale normande.

Que ce soit du haut de la colline Sainte-Catherine, de Bon-Secours ou de la côte de Canteleu, ce pont, apparu sous divers angles, parfois souligne comme d’un trait de plume la