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Cette œuvre qu’il allait entreprendre ne lui faisait pas peur. Il avait l’habitude de la lutte, l’expérience de la matière résistante. Dépourvu du moyen le plus efficace, obligé d’agir sans les paroles, c’était comme si, devant un sujet plus difficile que d’autres, il se voyait, obligé de ne travailler qu’avec un seul bras.

— Ça ne fait rien. J’y arriverai tout de même !

L’arrivée de Samadel rapportant le buste de sa mère, plâtre éblouissant, arrêta sa méditation.

— Il est beau !.… disait le mouleur avec un regard d’admiration pour l’œuvre commune.

— As-tu fait le bon-creux, vieux ?

— Ouï ! oui… tu auras des exemplaires d’ici peu.

— Bon. Alors nous pourrons essayer des patines. Il y a aussi des tas de choses que je retravaillerai. Maintenant que j’ai celui-là, je n’aurai plus peur de gâter le premier jet.

La tête de côté, signe de satisfaction, il souriait à l’effigie blanche, lui souriait comme à une statue et comme à une personne.

Ainsi le surprit le comte de Vasconcellos en apparaissant à la porte restée ouverte.

— Bonjour, cher ! Me voilà revenu !

Harlingues se retourna, saisi.

— Alvaro ! Ah ! tu arrives à point ! Je termine ta fontaine ce matin !

Samadel, parmi les bienvenues, sortit et referma la porte derrière lui.

— Voyons-la, cette chère fontaine ! Je n’ai pensé qu’à ça pendant tout mon voyage.

Harlingues s’écarta.

— Voilà. J’espère qu’elle te plaît toujours !

Les exclamations et joies d’Alvaro n’en finissaient plus. Il voulait déjà sa chère fontaine à Bellevue. Il trouva cent choses ingénieuses pour exprimer son admiration. Ses pas en